Retrouvailles

La journée avait été totalement merdique. Comment pouvais-je espérer avoir une minute à moi lorsque tout le royaume me réclamait ? vraiment ? Je pouvais bien envoyer balader la plupart des gens, mais il restait le problème que ce qu'ils me demandaient devrait être un jour régler. Et mon envie de construire et d'inventer n'était pas une raison suffisante pour déroger à mes obligations. Aujourd'hui, l'obligation avait été une réunion avec mes conseillers. Cela avait duré des heures, pour discuter des réserves de grains insuffisantes pour l'hiver approchant. Il faisait déjà un froid polaire et il était à présent impossible de semer et récolter.

Bien entendu, proposer de se servir dans les réserve de l'Eglise et de la Couronne avait fait grincer des dents. J'avais pourtant été intransigeant : le clergé avait fait vœux de pauvreté, qu'il le prouve. Il avait été obligé d'obéir et il ne m'en détestait que plus. Rien à foutre. Seulement... Seulement il m'avait fait comprendre que je devais trouver rapidement quelqu'un. Une femme de bonne famille que je me devrais d'épouser et d'honorer afin qu'elle m'offre un héritier mal de sang royal.

Je refusais cela. Non que je n'aimais pas les femmes mais l'idée d'épouser quelqu'un me rendait nerveux. Je ne pouvais pas, juste parce que... Je ne serais pas gérable. Personne ne pouvait vraiment me gérer. Sauf peut-être Loki.

Cette pensée me fit gronder. Oh putain, comme je le détestais en cet instant ! L'enfoiré qui disparaissait sans rien dire, ou qui mentait sur la durée de ses absences. Puis il revenait et exigeait ma présence. Las et épuisé, exigeant et tourmenté, en colère. Et c'était à moi de le calmer. Chaque fois pareil. Mais je suis pas d'accord putain ! Je sais rien de lui ! Si peu ! Qu'il est le fils d'un chef barbare du Nord. C'est tout ! Je ne peux pas continuer à le protéger et le couvrir et risquer ma tête pour... Pour quoi ? entendre son rire ? voir son sourire ?

Un frisson me parcouru alors que je me souvenais de tout cela. Je ne devais pas. Si je songeais à ça, ma colère fondrait comme neige au soleil. Et j'avais besoin de mettre les choses au clair avec lui. Le fait qu'il ait transmit un message à mon esclave personnel était déjà intolérable. J'aurais... j'aurais aimé qu'il vienne me trouver lui-même. Maintenant j'étais tiraillé entre l'envie de le retrouver et celui de le laisser seul. Seulement je savais que si je faisais cela, je ne le reverrai probablement jamais. Et c'était plus intolérable encore que le reste. Loki était un foutu poison, une substance qui s'infiltrait dans l'organisme et qu'il était impossible de purger à moins de s'ouvrir complètement les veines.

J'arrivai au Lac aux Miroirs, le lieu du rendez-vous. Le lac était gelé, et les arbres, tout comme l'herbe grasse, couverts de givre. C'était magnifique. Il faisait nuit, mais la lune et les étoiles donnaient assez de lumière que pour me dévoiler la silhouette de ce magnifique enfoiré. J'avais... pas mal de retard. Mais j'étais là. Peu vêtu, mais qui s'en souciait ? Ma colère me tenait chaud.

- Loki.

Je n'aurais pas dû venir. Cette pensée tournoie dans ma tête, comme une litanie, une mélodie lancinante qui lentement blesse mon esprit. C'est d'autant plus vrai que je sais que je vais souffrir de cette retrouvaille. Je ne peux me leurrer quant aux événements qui vont se produire, et comment ils vont se produire. C'est toujours la même chose. Peut importe combien je peux haïr et lui en vouloir, dès que ses émeraudes se figent sur moi, je tombe.

Il m'a peut-être ensorcelé le bâtard. Même si je n'y crois pas. Loki me revient toujours. Peut-être suis-je un jouet amusant pour lui. Amusant et utile, compte tenu du pouvoir que je tiens dans le creux de mes mains. Et je ne parviens jamais à savoir ce qu'il pense, jamais vraiment en tout cas. J'aimerais me venter de savoir quand il me ment, quand il est sincèrement heureux ou quand quelque chose le tracasse. Mais la vérité, c'est que Loki est trop bon menteur. La seule chose certaine, c'est que quand son souffle me caresse l'oreille le matin, lorsqu'il murmure ses foutus mots "d'adieu" c'est qu'il me ment. Il ne part pas dans le désert. Il ne part pas retrouver son barbare de père. Et je ne dis rien. Parce que je sais que je ne peux me mêler de cela sans m'opposer à ses critiques ou son silence.

Et son absence qui s'est faite sentir dans ma chair. J'avais ramené tellement de femmes dans ma couche, tellement d'hommes pour tenter d'apaiser le froid et l'absence. Le manque de lui. Mais ils n'étaient pas Loki. Et je le haïssais de s'être autant infiltré sous ma peau, de s'accrocher à mes os. Je le haïssais pour... parce que j'avais besoin de lui.

Et maintenant que je suis derrière lui, derrière le lac, face à... Face à sa demande, nos retrouvailles, sa silhouette... Que puis-je faire d'autre que de l'observer, de plisser des yeux pour vérifier qu'il aille bien, qu'il ne soit pas blesser ?que puis-je faire contre ce traître de cœur qui bat douloureusement, lourdement, dans une poitrine soudainement trop étroite ?

Il a l'air d'aller bien. Mais Loki est tellement plus résistant que moi qu'il est difficile de juger. Il est capable de sourire plaisamment en étant éventré. Il porte un manteau de fourrure qui met agréablement son visage et ses cheveux en valeur. Mon Loki est sublime. Mais cette fois, ses yeux verts ne me firent pas pardonner. Dans le halo de fumée que faisait ma respiration, mon visage se durcit.

Je lui en voulais trop. Trop de non-dit, trop d'absences. Pas assez d'explications que je n'avais même plus la force d'écouter. Et encore moins la patience. Il est heureux de me voir, et même si mon cœur saigne et tente de hurler la même chose, mon esprit le domine, et crie : va te faire foutre.

Loki s'approche, je le laisse faire. Il dégrafe son manteau et le pose sur mes épaules. Il est plein de sa chaleur, plein de son odeur. Ma tête me tourne, mon regard vacille, j'aimerais le prendre dans mes bras, mais je reste là : pas encore. Je dois tenir.

"L'hiver est à nos portes. Tu le saurais si tu avais été là."

Le reproche avait fusé. Le ressentiment, la colère contenue dans une voix devenue trop calme. Je le dépasse, son manteau sur mes épaules effleurant son corps. Je m'assis dans la neige, frissonnant sous le froid qui transperce aisément le fin tissu. Je devrais lui demander de partir. Lui ordonner de me laisser, pour que je puisse tenter de rassembler ce qu'il restait de mon monde avant qu'il ne soit totalement brisé. Mais je ne pouvais pas... Pas... encore.

"Pourquoi es-tu revenu ? Pourquoi reviens-tu toujours ? Mens moi une bonne fois pour toute et ne reviens pas. Je saurais ainsi à quoi m'en tenir."

Je savais que nos retrouvailles n'allaient pas être une partie de plaisir mais je ne pensais pas qu'il me rejetterait à ce point. Je restais un moment à le regarder, ressentant les ressentiments de Tony à travers l'air. Ils me piquaient la peau encore plus que le froid mordant ambiant. Colère. Amour. Tristesse. Amour. Amour. Je ne pensais pas m'être absenté plus longtemps que les autres fois mais... Le temps n'est pas le même à Asgard. Et cette fois c'était là que j'étais allé. Dans mon monde natal. Mon barbare de "père" n'était qu'une couverture. Un homme que j'ai sauvé d'une mort certaine et qui a accepté d'être mon père au yeux des humains. C'était un homme assez reconnu ici bas, chef d'une tribu à la fois rivale et alliée de celle de mon amant. Lorsque je m'absentais, Tony devait se douter que je le rejoignais. Ce que je faisais souvent d'ailleurs. Mais cette fois-ci, c'est mon vrai père qui m'avait appelé, le Père de Toutes Choses, pour régler un souci. Souci qui avait prit plus de temps que prévu malheureusement.

Je fixais Tony, alors que ses paroles s'insinuaient lentement à travers ma chair, mon âme, mon coeur. C'était comme s'il était en train de le lacérer gentiment mais sûrement, pour que le sang qu'il contenait s'écoule lentement sur la neige immaculée. J'avais mal. Plus mal encore que lorsqu'un barbare passait sa lame à travers ma chair dans le but de me blesser. La douleur physique ne m'attend plus. Par contre, ce que Tony fait... Le reproche dans sa voix, la lueur blessée dans ses yeux. Elle me fait presque oublier qu'il est train de me lacérer la poitrine.

"C'est vraiment ce que tu veux Tony ? Que je parte une bonne fois pour toute ? Que je disparaisse entièrement de ta vie ? Tu crois vraiment que tu es le seul à pouvoir décider de ce genre de choses ? Tu préfères que je sois à tes basques, comme tes petits chiens d'amis et de conseillers ? Tu sais toi même pourquoi je ne peux pas rester"
A mes mots, un petite étincelle verte apparût dans le creux de ma main. Voilà pourquoi je ne peux pas rester à ces côtés. Sans aller jusqu'à lui dire que j'étais un Dieu, j'ai de la magie en moi que je ne peux effacer et qu'il connait. Il a toujours cherché à protéger ses petits amis qui sont dans la même situation que moi. Et j'ai toujours été dans l'envers du décor.

"Ne me reproche pas des choses que je ne suis pas à même de pouvoir faire. Tu m'as dit que cacher ma magie, je t'ai dit ce qu'il m'en couterait. Alors ne fait pas l'innocent."

Je n'avais pas voulu être froid avec lui. Mais je me sentais blessé par ses mots. J'étais près à partir sur le champ si seulement il pouvait être honnête avec lui même. Qu'il me redise, en me regardant dans les yeux, de partir. Je partirais sans qu'il n'ait de nouvelles de moi.

J'avais relevé un instant les yeux pour constater l'étendue des dégâts. Mes mots l'avaient frappé, il souffrait de ce que je disais et j'en ressentais une sorte de joie sauvage teintée de remords. Je détestais voir Loki souffrir. Mais il était temps qu'il comprenne qu'il ne pouvait plus jouer impunément avec moi. Que ma douleur, il allait la payer. Qu'il comprenne que j'avais si mal que je ne pouvais même plus feindre d'aller bien. Et que c'était de sa faute.

A nouveau mon regard se durcit. Ses mots me hérissaient parce qu'ils étaient vrais. Parce que Loki trouvait toujours ce qu'il fallait dire pour blesser, réconforter, humilier. Parce qu'il pensait avoir le droit de choisir de rester ou non. Que j'accepterai qu'il continue de me blesser inutilement. Il savait ce que je répondrais à chacune de ses questions, il connaissait mes sentiments et ma répulsion pour ces gens qui me collaient et attendaient quelque chose de moi. Mes yeux tombèrent sur sa main éclairée de magie verte. Celle là-même que je tentais vainement d'oublier. Non qu'elle me dérange, mais je savais comment les autres réagiraient. Que Loki utilise cela contre moi était fourbe et hypocrite. Je détournai les yeux de lui avec un bref ricanement. Après tout, je ne pouvais m'attendre à autre chose de sa part.

Jaloux, possessif. Fier. Loki.

Puis encore ces mots qui soulevèrent quelque chose en moi, quelque chose de mauvais et de désagréable. Je me redressai, droit, faisant peu de cas du manque de protection que j'avais ou encore de la différence de taille entre l'homme et moi. Mon regard se fit glacial, mon corps crispé et tendu. Loki ne me voyait généralement pas ainsi, pas avec lui en tout cas.

"Tu oses me reprocher mon désire de te protéger ?"

Je me rapprochai lentement de lui, engloutissant lentement la distance entre nous.

"T'ais-je reproché d'être un sorcier ? t'ais-je accusé de m'avoir ensorcelé ? La moindre petite putain de chose ? à part tes foutues absences !"

Devant lui, mes yeux plantés dans les siens. Mon regard vacillant lentement alors que mes barrières s'écroulaient en voyant la peine que je lui avais faite. Loki avait l'air tellement plus jeune, tellement plus innocent ! Je me faisais l'impression d'être un monstre...

"Je n'ai jamais rien exigé de toi, je n'ai jamais rien voulu d'autre que de voir ton sourire et sentir ta chaleur. Je ne t'ai jamais posé aucune question, j'ai fait en sorte que les Chasseurs restent loin de toi, j'ai..."

Je me tu, les lèvres pincées. S'il était incapable de voir tous les efforts que je faisais pour lui, alors... alors que faisions nous ici, à tenter de nous arracher mutuellement le cœur ?

"Dois-je me mettre à genoux pour que tu comprennes ? Dois-je supplier que tu cesses de me tourmenter ?"

Je n'attendis pas la réponse, me laissant tomber dans la neige dans un bruit étouffé. Je passai mes bras autour de sa taille, le rapprochant, et posai ma tête dans le creux de son aine, près de sa cuisse, près de son ventre.

"Que dois-je faire pour que tu cesses de t'éloigner ?"

A la vue de Tony, à genoux devant moi, malgré le froid, malgré la neige, mes barrières mentales, celles que je m'étais érigées lorsque j'avais senti sa rancoeur, venaient de voler en poussière. Littéralement. Je restais un moment, sans bouger, sans en être capable du moins, avant de m'écrouler à ses côtés, mon visage revenant près du sien malgré la taille qui nous séparait. Tony avait toujours été dans... la moyenne. Plus petit que moi en tout cas. Mais sa grandeur d'âme de de coeur comblait le manque; bien au delà même. Si j'avais la prestance d'un dieu dans le physique, lui l'avait dès qu'il ouvrait la bouche. Il savait quels mots employer et comment. Dans quelle situation. Il n'y a qu'entre nous où, parfois, il pouvait aller trop loin. Mais il avait aussi complètement raison. Il me protégeait chaque seconde où j'avais été avec lui et.. j'étais en train de tout foutre en l'air. Je ne lui reprochais pas de me protéger non. J'avais mal. Mal au coeur d'être obligé de rester dans l'ombre quand ses amis peuvent profiter d'une vie de luxe et de folie alors qu'ils sont comme moi. Des traitres de l'Eglise. Des abominations.

Tony n'aime pas que j'utilise ce terme mais au yeux de la population c'est ce qu'ils sont. Et Tony met sa vie en jeu pour eux. Je n'aime pas ça. Je ne les aime pas. Je posais doucement mon doigts sur ses lèvres avant de les effleurer de la plus douce des façons. J'aimerais pouvoir tout lui confier. Mais dans ce monde régi par la vision d'un Dieu Unique, je n'ai plus ma place. Je fais parti des légendes maintenant, des mythologies des anciens peuples. J'aimerais que ma vie avec lui soit plus paisible. Mais je ne peux pas.

"Les Chasseurs m'ont retrouvés. Je ne voulais plus revenir vers toi en étant blessé. Alors je suis allé chez moi. Mon vrai chez moi. Ca a mit plus longtemps que prévu. Je m'en excuse Ji'had."

Mon Amour. Ma Vie. Le Père de mes enfants. Taduisez cela comme vous voulez. Pour moi, ça veut dire Anthony. Car il rassemble à lui tout seul les diverses significations de ce mot. Il pouvait lire dans mes yeux que je ne mentais pas cette fois. Que j'étais en train de mettre mon coeur à nu une nouvelle fois pour lui. Parce que je ne veux pas que tout s'arrête maintenant. Je lui montrais les cicatrices sur mes bras. Celles qui étaient encore visible. Je veux qu'il me croit. Qu'il me pardonne. Encore.

Il ne se passe rien dans un premier temps. Mais je sens la différence dans le corps de Loki. L'espèce de frisson, les muscles qui se tendent mais pas de colère, pas de peur... de surprise, d'un sentiment agréable mais que l'on aimerait chasser parce qu'un peu trop puissant. Mon Loki ne peut pas non plus résister, ou peut-être ment-il parfaitement, peut-être maîtrise t-il cela au point d'en faire tout un art, mais je m'en moque. Je ne veux pas qu'il parte. Qu'il m'utilise d'onc jusqu'à en avoir assez et me laisse. Je saurais profiter du temps qu'il consentira à m'offrir.

II posa ses doigts contre mes lèvres et je me rendis compte qu'il était à présent à ma hauteur, semblant refuser ma soumission. Pourtant c'était rien de moins que cela : une reddition, la seule que je pourrai jamais offrir et c'était à lui que je la donnais. Il effleura donc mes lèvres et j'embrassai ses doigts frais, les prenant un instant entre elles pour les réchauffer, lui rappeler quelle était sa place. Du moins, il en aurait toujours une ici, entre mes bras, temps qu'il ne me trahirait pas. Temps que je n'aurais pas de preuve sous les yeux, temps que je pourrai nier l'évidence, je garderai le trésor précieux qu'il représente à mes yeux.

Je relevai les yeux vers son visage, jugeant ses mots et l'impact qu'ils pouvaient avoir sur lui. Je voulais juger de sa sincérité et fus confronté à son visage vaguement apeuré. Il semblait... craindre dans une certaine mesure, mes réactions. Une tentative pour que je lui pardonne. Une fois de plus. Malgré le cœur lacéré qui continuait de battre dans ma poitrine. Je baissai les yeux sur ses bras et la bête qui lacérait mon cœur hurla, se déchaîna, et pas contre Loki. Contre tout ce qui pouvait blesser cet homme, tout ce qui croyait avoir le droit de poser la main sur son corps, en bien ou en mal.

Je courbai le dos, laissant mes mains courir sur le corps de Loki pour prendre ses poignets et les approcher de mon visage. Délicatement, j'embrassai ses blessures. Délicatement, je passai ma langue sur chacune des lacérations. Peu importe qui les avait faites. Jamais elles n'auraient dû s'y trouver.

"Lequel... Non. Laisse. Cela importe peu."

Je trouverai celui qui était responsable de cela. Et le peuple comprendra qu'il ne peut as toujours outrepasser mes ordres. Je fais tout pour lui, tout le temps. Ils me doivent un minimum obéissance. Surtout les soldats. Ils ont tendance à vouloir pousser les limites alors même que j'ai posé une loi, une obligation : Loki était intouchable. J'avais énoncé pas mal d'excuses qui justifiaient cela, la première étant son statut de fils de chef allié. Mais encore une fois, on me trahissait.

"Tu ne m'as rien dit. Comment suis-je censé faire si tu préfères te cacher ? Pourquoi ne pas accepter un peu d'aide ? Pourquoi... sans cesse refuser de me parler, que crains-tu ?"

"Te perdre"

Les mots avaient fusé, plus rapide que ma pensée. Ainsi, ils étaient l'honnêteté même. Ma plus grande peur, à l'heure actuelle, est de le perdre. De ne plus jamais pouvoir le revoir. Cette pensée m'est totalement insupportable, même si je sais qu'elle aura forcément lieue un jour. Je veux dire, Anthony est un mortel. Il finira par mourir même si je fais tout pour que ça n'arrive pas. Il a déjà refusé mon immortalité. Je lui ai proposé maintes et maintes fois. Mais il ne veut pas. Je comprend. Je n'ai plus jamais insisté depuis. Je le regarde s'occuper de mes blessures comme s'il désirait les soigner. J'aimerais moi aussi qu'elles s'effacent. J'aimerais ne plus inquiéter mon amant; pouvoir rester avec lui, tous les jours, sans être obligé de quitter ce lit et de le laisser froid. J'aimerais qu'il arrête de se sentir obligé de me remplacer par les femmes du royaume alors qu'il sait que je le laisserais profiter de mon corps autant qu'il le voudra.

"C'est le Moineau qui m'a attaqué."

La moineau c'est l'un de ses archers les plus proches et les plus talentueux. Il ne m'aime pas. Il ne m'a jamais aimé et apparemment il détourne les ordres de son précieux maigre pour que je m'éloigne peu à peu de lui. Même si je ne veux pas, un jour, toutes ces personnes auront raison de notre relation et réussiront ce à quoi elles semblent consacrer le, plus clair de leur temps : Nous séparer lui et moi. Je sais que je vais blesser Tony une fois de plus en le mettant devant le fait que, peut importe comment il s'y prend, il finit toujours par être trahi des autres. Pas de moi. Je ne le trahirais jamais. Mon corps et mon coeur lui sont encore complètement dédié.

Je le regarde. Il tremble de froid. Je me relève alors et fais de même pour lui avant d'enchanter mon manteau de fourrure pour qu'il émette une douce chaleur en continue. Rentrons est tout ce que je veux lui dire en cet instant. Pour qu'il arrête d'avoir froid. Rentrons et je me donnerais tout à toi, autant de fois que tu le désires. Je ferais tout pour ne plus qu'il s'en veuille de choses contre lesquelles il ne peut rien.

Les mots furent rapide et je fus étonné de leur spontanéité. Il me semblait que Loki était un être contenu, retenu, réfléchissant toujours à ce qu'il devait dire, prudent dans ses propos et visant toujours juste. J'ignorais qu'il puisse craindre quelque chose, pour moi il était intouchable. Avouer qu'il craignait me perdre était me donner un pouvoir que je ne désirais pas avoir. Mais nous savions tous les deux ce qu'il adviendrait de cette crainte, nous avions assez discuter de cela tous les deux. L'immortalité... Je ne pourrais pas la supporter. Et il y avait cette possibilité que nous ne puissions plus nous supporter. Et alors quoi ? ce que j'aurais fait par... envie de rester avec lui, par amour ou convoitise ou peu importe le mot que cela pouvait être, ne signifierait plus rien. Je serais condamné à voir le temps s'écouler, condamné à vivre la mort de tout ceux que j'aimais... Je ne pouvais pas accepter cela parce que j'en viendrais à le détester.

Je fermai les yeux lorsqu'il répondit à ma question. Ne lui avais-je pas demandé de ne rien me dire ? peut-être désirait-il que je sache afin de me faire à l'idée... Mais... Merde. Qu'étais-je censé faire ? fermer les yeux ? prévenir à nouveau mon archer ? L'enfermer ? Jakar était mon ami en plus d'être un soldat. Je n'aimais pas qu'il outrepasse mes ordres, mais je ne pouvais oublier qu'il m'avait sauvé la vie. J'étais dans une impasse. J'avais espérer qu'il finisse par entendre raison, qu'il cesse de faire n'importe quoi, qu'il me laisse gérer ma vie privée comme je l'entendais... Pourquoi s'acharnait-i sur la seule relation durable que je pouvais avoir ? pour le bien du royaume ? pensait-il que je refusais le mariage à cause de Loki ? Foutaises. Ou presque.

L'eau qu'était la neige s'infiltrait dans mon habit, et si le manteau parvenait à me réchauffer un peu, cela n'était pas suffisant au vu de mon comportement stupide : me vautrer à genoux et sur le cul, dans la neige. Et la brise qui soufflait me glaçait littéralement. Je frissonnai sans parvenir à dissimuler cette faiblesse, et je savais que Loki, s'il ne s'inquiéterait pas, m'obligerait à quitter ces lieux pour un endroit plus chaud. Il se redresse, je fais de même, prenant appui sur son bras un petit moment, mes jambes ne répondant plus. J'ai joué aux cons, mon corps me le fait remarquer. Sa fourrure est chaude, agréable et je la resserre autour de moi avant de le regarder.

"Merci."

Je regarde un instant sa main avant de glisser ma paume dans la sienne et d'entrelacer nos doigts. Je suis généralement peu expansif. Je peux avoir des moment de colère, des éclats aussi soudain qu'imprévisibles et je le montre. Mais pour ce qui est des sentiments... c'est une autre histoire. Et le plaisir encore une autre.

"Tu devrais également te couvrir."

Je commençai a avancer, tournant légèrement la tête pour voir s'il me suivait. Rentrer au palais ne serait pas une mince affaire, et il faudrait que je rende le manteau à Loki pour qu'il passe inaperçu. Ou qu'il ne soit pas reconnu. Non que cela me dérange qu'on le voit à mes côtés, mais je sais qu'on saura lui faire payer. Et je ne veux pas être la cause de ses malheurs. Je prendrais sans doute un passage secret, cela sera plus utile. Et je demanderai à Jared, mon majordome, de préparer la baignoire d'eau chaude. En attendant cela, je m'occuperai de vérifier que Loki ne soit pas mortellement blessé et désinfecterai ses plaies.

"Pour combien de temps es-tu là cette fois ?"

Que je sache à quoi m'attendre et que je me fasse déjà à l'idée d'une prochaine séparation.

Je me doutais que lui avoir dit que c'était le Moineau qui m'avait attaqué devait remettre en cause bien des choses en lui. Mais malgré que j'étais le Dieu des mensonges et que j'omettais parfois de lui dire toute la vérité, j'avais toujours été des plus honnêtes et respectueux avec lui, car je ne voulais pas être placé dans le même panier que ces hommes qui profitent aisément de son argent et de sa notoriété. Ce sont des choses qui ne m'ont jamais attiré et je n'en avais jamais eu besoin pour vivre. Si je me faisais passer pour un fils de chef de clan c'est parce que c'est un Asgardien qui vit à Midgard, qui me connait, et qui a accepté de me servir de couverture le temps que je voulais passer sur la planète des mortels. Il était l'un des seuls à comprendre mon besoin de rester avec Anthony et il voit ça d'un bon oeil pour son clan. Si je peux l'aider, tant mieux.

Je sens Anthony remettre ma fourrure sur mes épaules. Peut-être parce qu'elle est le symbole de mon clan et qu'elle signifie que je suis normalement intouchable sous peine de rentrer en conflit militaire. Ce que certaines personnes ne semblent pas comprendre apparemment. Mais bon, je n'en veux pas aux cervelles de moineau, ce n'est pas de leur faute s'ils étaient absents lors de la distribution des cerveaux. Cependant, nous empruntons le passage secret alors je soupçonne Anthony d'avoir simplement voulu me protéger. Je ne sais pas combien de fois je dois lui dire que je ne crains pas le froid. Cependant, je n'ai pas le courage de lui dire quelque chose de désobligeant. Je veux profiter de ce moment doux que nous partageons, maintenant dans l'intimité de sa chambre.

Une question vient pourtant noircir le tableau. Malgré tout, un sourire éclaire mes lèvres. J'ai une réponse cette fois, et elle devrait lui plaire. Je prend alors ces mains. De toute manière, dans la chambre, personne ne peut nous voir, personne n'entre sans autorisation.

"Jusqu'à ce que tune veuilles plus de moi Anthony. Mon père déménage près de la frontière pour des raisons politiques apparemment. Nous ne serrons plus très loin. A peine à une journée de cheval.."

Je souris de plus belle. J'espère que cette nouvelle lui fera plaisir. J'ai vraiment envie de me faire.. Pardonner ? Oui, c'est le mot j'imagine. Ce soir je vais me faire pardonner.

Nous retournons dans notre chambre. Enfin la mienne, que je donne à Loki sans le moindre complexe. Mes autres conquêtes n'avaient le droit qu'à une chambre quelconque du palais, durant une seule nuit. C'était différent avec cet homme parce que même si je le voulais, je ne pourrais pas le chasser. On ne peut obliger Loki à faire quelque chose qu'il ne voulait pas. La chambre était plongée dans le noir si bien que je me demandai pourquoi personne n'avait allumer le feu. Jared aurait dû savoir que je reviendrais, et allumer un feu de cheminée pour réchauffer la pièce...

J'allumai donc moi-même le feu, en quelque longue minute. Je ne rechignais pas à la tâche, peu m'importait de me salir les mains et de faire moi-même les corvées. J'allumai également plusieurs bougies et posai enfin ma question. Le sourire qui éclaira son visage aurait dû me réchauffer le coeur, pourtant, je ne parvenais pas à m'en réjouir. Même si cette... dispute était réglée, je n'avais pas pour autant oublié son absence. Et rien de ce qu'il dirait ne pourrait chasser ma certitude qu'il s'en irait encore. Jusqu'au jour où il ne reviendrait plus.

Je baissai les yeux sur nos mains unies, passant mon pouce sur sa paume, sa chair pâle et douce. Il a des mains d'orfèvres, des phalanges longues et fines. Des mains magnifiques, vraiment. Je laissai passer un rire léger, mais il saurait entendre la touche d'incrédulité dans ce son si particulier. Mais temps mieux s'il croyait que tout irait ainsi mieux. Tant mieux s'il était heureux. Je ne gâcherai pas ce sourire, pas alors que c'était tout ce que je voulais voir sur ce beau visage juvénile. Alors je lui souris également, plus doux, plus tendre et effleurai son visage, avant de me détourner, fermant les lourdes tentures brodées et daignai enfin délacer mes chausses, et les ficelles qui retenait mon haut. J'enlevai le tout, peu gêner de dévoiler une partie de mon corps. Loki la connaissait de toute manière. Y'avait juste peut-être quelques marques qu'il... ne devrait pas voir. Autant celles de combat que de plaisir partagé avec d'autres que lui. Je retirai également le pantalon trempé pour me vêtir d'un autre, plus lâche et plus confortable, avant de fouiller dans mes commodes pour en sortir quelques ustensiles. Je disparu dans la salle adjacente et revins avec une bassine d'eau fumante et quelques serviettes.

"Assied toi sur le lit et déshabille toi, il faut te soigner."

Il n'avait pas intérêt à faire la moindre réflexion. Je me moquais que cela ne soit pas grave, que cela guérirait. Je me sentais responsable de chacune de ses plaies. Je voulais les soigner, autant pour lui que pour moi.

Il ne proteste pas, il prend place sur le lit mais comme bien des choses entre nous, je sens qu'il n'est plus comme avant. La chaleur du feu de cheminait peinait à réchauffer la pièces et cela ,'avait rien de naturel. Loki était responsable de cela, cela se sentait et se voyait à son visage soudainement froid. Et il ne fallait pas être un génie pour savoir pourquoi. Je pris place à ses côté, mouillant une serviette et prenant son bras pour le nettoyer, frotter doucement et lentement les saletés et les croutes, m'occupant de tout avant que sa voix ne brise le silence. Je relevai les yeux pour les planter brièvement dans les siens avant de reprendre ma tâche.

"En serais-tu chagriné ?"

Il ne répondrait pas. Ou nierait. Peu importe finalement, parce que là, nous voulions simplement nous blesser mutuellement. Je pourrais répondre affirmativement, mais cela serait mentir. Peu importait avec qui, comment, quelle position, que je domine ou non, cela n'était jamais aussi bon qu'avec lui. J'étais devenu dépendant et encore une fois, je lui en voulais pour cela. Alors qu'il n'y était pour rien. Il s'en veut aussi d'avoir dit cela, mais nous sommes ce que nous sommes. Nous nous détruisons, nous nous apprécions... Nous sommes des enfoirés pleins de fierté.

"Tu... n'as pas à t'en faire. Elles ne sont pas toi."

Cela voulait tellement dire. Mon hésitation, l'effort que je faisais pour arranger les choses, me montrer honnête et nous épargner quelques douleurs inutiles. Je comprends sa jalousie, parce que je ressentirais la même s'il venait à en aborder devant moi. Tout comme je ressentais de la rage en voyant les dégâts sur son corps. Mon nous ne disions rien. Parce que nous étions censés être libre de ce que nous faisions.

"Tu préfères attendre de les voir disparaître avant d'apposer les tiennes, ou en mettre de nouvelles ?"

La question avait été posée naturellement, alors que je désinfectais les plaies et les bandais soigneusement. Je savais ce qu'il voulait faire, je choisissais pour lui. Il ne trouverait pas mes conquêtes et ne les tuerait pas. Il n'avait pas besoin de cela et je ne lui pardonnerai une telle folie.

"Temps que tu es là, je ne veux personne d'autre. Sans toi, j'ai besoin de chaleur."

J'haussai les épaules. Loki savait que je détestais les couches vides et froides. Je craignais de mourir seul alors que c'était très probablement ce qui allait se produire. Seul, ou entouré de personne que je ne voulais pas voir. Mes amants et amantes n'étaient là que pour l'illusion. Montrer que j'étais... actif. Souverain normal qui s'intéressait au pêché de la chair.

Je le laissais me soigner. J'appréciais de plus en plus les efforts qu'il faisait pour moi, même si je sais que je ne lui rend pas la tâche facile. J'ai ma putain de fierté tout comme il a la sienne mais la tournure des choses fait que, pour le moment, c'est lui qui est en train de piétiner la sienne pour me faire comprendre que je suis le seul qui compte dans son coeur. Et que tout serait plus simple s'il n'était pas Anthony Stark et si je n'étais pas Loki Laufeyson. Mais avec nous rien n'est simple. Sauf l'acte charnel. Car j'adore le sentir me dominer dans notre couche tout comme moi je domine son coeur et ses décisions. Je le regarde. Un long moment. Alors qu'il nettoie mes plaies à peine guéries, je vins glisser mon visage dans son cou pour le lui mordiller, laissant une trace rougeâtre qui va mettre plusieurs jours avant de partir. Le geste est assez éloquent.

"Tu es à moi."

Les mots sont clairs. Même s'il me remplace momentanément, il est à moi, coeur et âme. Les autres ne pourront jamais me remplacer. Et je veux finir ma vie à ses côtés. Je suis à lui aussi, je sais qu'au fond de lui il en est conscient et que, comme moi, il ne peut s’empêcher d'en jouer. Mon visage grignote encore un peu son cou. Nu contre lui, sa main qui passe sur ma peau, je ne peux pas dire que j'y suis insensible. Pas quand c'est lui qui le fait. J'ai envie de lui dire de s'occuper de moi. Pour me prouver que je vaux bien mieux que ces petites putains qui sont passé dans sa couche. Mais je ne veux pas le forcer.

"Je dors avec toi ce soir ?" fis-je en plongeant de nouveau mes yeux dans les siens.

Les marques s'effaceraient et de toute manière, ceux et celles me les ayant faites, ne reverraient jamais la couleur de ma couche. Je n'étais pas de ceux qui acceptaient de recoucher avec d'anciennes conquêtes. Encore une fois, Loki était différent. La première fois que nous avions couché ensemble, j'étais encore persuadé de pouvoir m'en passer. Mais voilà, il était resté quelques semaines et nous avions réitérer l'acte autant qu'il nous était possible en nous répétant à nous-mêmes et à l'autre que cela n'était que du sexe. Puis il était parti. Je m'étais rendu compte que le corps de Loki me manquait, ses idées hors du commun, ses blagues, ses colères. J'avais pourtant agis comme j'agissais habituellement, collectionnant les femmes, mais devenant plus prudent concernant les hommes, voyant la montée de l'Eglise et leurs idées s'immiscer dans l'esprit du peuple.

Puis Loki était revenu et nous avions repris là ou nous nous étions arrêtés. Mais plus le temps passait et plus il devenait évident que le sexe n'était plus la seule raison pour laquelle nous restions ensemble. La bataille dans laquelle je m'étais engagé pour en revenir plus mort que vivant m'avait dévoilé un Loki fou de colère, un animal furieux désirant vengeance. Et il était devenu impossible de nous voiler la face.

Tout comme notre relation n'a jamais offert que du chaos et de la destruction, de la douleur, pour nous et pour les autres, je ne pouvais pas m'étonner que dévoiler des marques de plaisir causerait autant de dégât chez lui. Sauf que même si c'est partiellement de sa faute, qu'il aurait dû rester avec moi pour éviter cela, son visage abattu et blessé m'est insupportable. Je lui fais donc une proposition, et il me regarde un long moment. Puis il se rapprocha, se glissa jusqu'à mon cou et son souffle caressa ma chair, ses lèvres s'y posant. Je penchai la tête su le côté, lui offrant la surface désirée, ma respiration se faisant plus calme et plus profonde. Là... Là nous retrouvions notre place. Nos corps eux ne mentaient pas.

Des mots possessif suivirent le geste et cela me fit rire. Le premier vrai rire agrémenté d'un vrai sourire atteignant mes yeux. Il ne présumait de rien lui ! Mais il avait raison. Et c'était bien cela le plus terrible. Ne refusais-je pas le mariage parce que je ne voulais pas me lier ? être dépendant ou avoir d'autres obligations ? pourtant c'était cela avec Loki. J'étais lié irrémédiablement à lui. Il continue de mordiller ma nuque et je continue de rire, doucement, laissant le frisson courir le long de mon échine. Je passai ma main contre son dos, remontant le long de la colonne, se perdant dans ses cheveux, les désordonnant. Il est plus adorable ainsi, plus... juvénile. Et je n'en ressens que plus le problème de la situation, la différence d'âge entre nous, principalement. Et si pour l'époque, c'était monnaie courante, je n'avais jamais trouvé normal qu'un vieux machin puisse impunément baiser une jeune personne.

Il s'éloigna légèrement, ses yeux dans les miens. Ses mots firent disparaître mon sourire et le sérieux s'afficha sur mes traits.

"Si tu pars de cette chambre cette nuit, ne reviens pas."

C'était dit. Je ne le chassais pas, mais s'il osait partir maintenant, qu'il ne compte plus sur ma bonne volonté et mon idiotie. Il verrait et comprendrait qu'on ne joue pas impunément avec ma confiance. Et cela serait d'autant plus vrai pour lui que je l'aimais. Je posai ma main sur son torse et le repoussai sur le large lit. Ma main resta là, même lorsqu'il fut couché, et que je fus obligé de me tenir penché sur lui pour l'observer. Je savais comment cela allait fini et pou une fois, je ne le désirais pas vraiment. Je voulais que cela soit... différent. Se voir, baiser, dormir, se disputer et baiser. Je voulais autre chose. Tout en étant impuissant à le demander ou à le chercher.

"Il me semble que tu aies besoin d'un peu de réconfort...

Je fini par laisser glisser ma main sur son torse puis sur ses cuisses, que j'écartai lentement, presque pensivement. Je me penchai enfin et embrassai l'intérieur de sa cuisse avant de dériver sur la colonne de chair sur laquelle je passai quelques baisers avant de la prendre entièrement en bouche, me faisant volontairement étroit et chaud. Je fis entrer toute sa longueur sans éprouver de gène, et l'enroulai de ma langue, le caressai avant de me retirer et de revenir, faisant durcir son sexe, jouant avec sa fente, son gland, le faisant à nouveau entrer totalement et laissant ma langue caresser ses bourses.

"Je ne comptais pas te quitter."

C'est vrai. C'était une question complètement rhétorique à l'origine. Je ne comptais pas partir. Je ne voulais pas partir. Pas maintenant. Plus maintenant. Nos retrouvailles étaient toujours parsemée d'un parfum de déjà vu mais... Cette fois-ci je voulais lui montrer autre chose. Je voulais lui montrer ma présence. Lui montrer que je pouvais rester à ses côtés sans avoir peur de perdre ma liberté. Je ne veux plus d'une liberté où Tony n'existe pas. Alors que je le sentais me repousser dans la lit, sa main épousant le moindre centimètre carré de mon torse, je fixais ses yeux bleus avec la terrible envie qu'il y lise l'amour que je lui porte à cet instant.

Du réconfort hein ? Et.. oh. Oh mon dieu, les lèvres de Tony joue avec le feu... J'adore quand il me touche à cet endroit et surtout avec cette bouche que j'ai tant embrassé. Quelque part, au fond de moi, sentir qu'il est en train de me donner du plaisir avec sa bouche me donne un élan de fierté. Je ne pense pas qu'il fasse ça avec ses autres amants de passage.. J'adore quand il me fait ce genre de chose, j'ai vraiment l'impression d'être le plus important. Il a cette façon de m'honorer qui lui est propre et à laquelle je me donne volontiers. Pendant qu'il glisse sa langue sur ce qu'il fait de moi un homme, je ne peux m'empêcher de glisser mes longs doigts dans ses cheveux courts et bruns. Ils sont doux sous mes doigts et je ronronne presque de pouvoir les toucher à nouveau.

Je n'ai jamais été avare de mots et de sons de plaisir et il le sait.. Je laisse exploser ma voix pour lui faire comprendre que j'aime ce qu'il me fait. Je gémis son prénom de la faon la plus exquise qui soit. J'en veux plus. Plus de lui. Plus de son amour. J'en ai faim.

J'avais toujours l'impression de ne pas savoir vers quoi me diriger lorsque Loki et moi devions parler. Jamais savoir quoi dire ou quoi croire. En revanche pour ce qui était de nos corps, tout s'éclairait. Mes mains trouvaient les dénivelés de ses muscles, la courbe d'une hanche, le creux léger de l'aine... Ce n'est pas de l'habitude, c'est presque instinctif. Je le connais, je sais ce qui lui fera plaisir. Et je sais ce que je suis prêt à lui donner où non. Etre penché sur lui, parcourir l'intérieur de sa cuisse et remonter vers son sexe, embrasser ou effleurer ses couilles. Je n'ai jamais honte de ce que je fais, ou pourrais lui faire durant l'acte charnel. Je ne suis pas pudique, je ne l'ai jamais été. Et Loki est pareil.

Entendre ses soupirs et ses gémissements sont la preuve qu'il se moque qu'on puisse l'entendre. Il sait que j'aime l'entendre. Et si je ne suis généralement pas friand du sexe bruyant où l'on parle sans cesse, avec lui, je préfère limite ça. Entendre sa voix se briser, entendre ses phrases hachée et coupée par le plaisir. Lorsque je l'entendais, je perdais contenant je ne pouvais plus penser à autre chose que son corps et à comment le faire hurler, le libérer de la tension que je créais. Ses mains migrèrent dans mes cheveux et je laissai le frisson me parcourir, parce que j'adorais avoir ses mains parfaite à cet endroit lorsque je lui faisais ça.

Loki était le seul à pouvoir utiliser mon prénom complet sans se prendre une remarque, ou une correction. Les autres se devaient de m'appeler "Stark" à cause de mon rang, où Tony, lorsque, à force de l'avoir répété, ils acceptaient de me nommer ainsi. Loki avait décidé de lui-même que "Anthony" m'allait mieux. Et lorsque c'était sorti la première fois de ses lèvres, je n'avais rien su dire. Il y avait eut un vide. Comme cet homme pouvait-il mettre autant d'inflexion, d'intonations et de sous-entendu dans un si petit mot ? Mon nom, sur ses lèvres était une promesse de paradis.

Je me retirai, posant un instant mon front contre sa cuisse, fermant les yeux pour me recentrer sur l'essentiel : lui. Je ne lui avais pas encore pardonné et j'attendais que cette séance de... câlin, à défaut d'autres mots, lui montre que je préférais transformer ma rage pour lui donner plus de plaisir encore. Parce que si cela devait éclater, il n'y aurait plus rien à ramasser par la suite.

Ma langue ressortit et tournoya, s'enroula autour de son gland, chaude et humide, talentueuse. La respiration caressait son sexe, et je laissai son odeur divine m'imprégner. Je me concentrais sur ma tâche, suivant une veine ou le contour de la couronne, j'explorais sa queue, la redécouvrais, la redessinais. Je l'engloutis à nouveau totalement, serré, tandis que ma main venait caresser ses bourses, me faufilant jusqu'au périnée que je caressai avec enthousiasme, tandis qu'un autre doigt se faufilait entre ses fesses sans pour autant faire autre chose que de rester là et d'augmenter la tension dans son corps. Ma langue rejoignis mon doigt occupé sur ses bourses, le faisant pénétrer plus encore dans ma bouche. Cela démontrait simplement tout mon savoir faire en la matière. Et le temps qu'il m'avait fallu pour parvenir à un tel exploit sans avoir envie de rendre mon repas.

Je relevai les yeux vers lui, me gorgeant de cette image avant de me retirer puis de revenir, et ainsi de suite, lentement puis plus rapidement.

Lentement mais sûrement, je sentais Anthony m'entrainer dans un royaume où on revient rarement indemne : Celui du plaisir. Surtout le sien en fait. Le royaume du plaisir de Tony est bien plus vaste que celui qu'il possède sur Midgard. Un royaume à la hauteur de sa fierté, de notre amour, de sa façon de me le faire comprendre. Je ne reviens jamais indemne de ce royaume quand il prend ma main pour m'y emmener, avec cette expression qui n'appartient qu'à lui. Un mélange entre un sourire franc et une lueur de défi dans les yeux. Parce qu'il sait l'effet qu'il a sur moi. Il est le seul d'ailleurs. Aucun Midgardien ou même Asgardien ne peut se vanter de me donner autant de plaisir qu'il est capable de le faire.

Mon corps était parcouru de frisson et, croyez-moi, ce n'était pas de froid. Au contraire même, je n'avais jamais senti mon corps aussi bouillant de plaisir. La colère était devenue plaisir, aussi bien pour lui que pour moi. Cela avait toujours été ainsi. Nous nous pardonnions en faisant l'amour; ni plus ni moins. J'aimais que mon amant me montre qu'il avait bien appris à mes côtés et qu'il savait maintenant ce qui me faisait le plus de bien. Et savoir qu'il utilisait sa colère comme moteur m'excitait encore plus. Je me fichais de savoir si le château nous entendait. Au contraire, qu'il nous entende. Que tous sachent que je suis revenu et que Tony m'appartient autant que je lui appartiens.

"Anthony.. Plus..."

Je me faisais suppliant. Je sais qu'il aime ça. En même temps, j'en voulais vraiment plus. Je voulais passer à la vitesse supérieure, là, maintenant, sinon je prendrais la suite des opérations. Je doute qu'il apprécie même si je l'ai déjà dominé et que je l'ai trouvé plutôt docile à ces moments-là. De toute façon, ce n'est pas ce que j'ai envie à l'instant. Je le fais se redresser pour saisir ses lèvres avec cette violente douceur qui me caractérise quand j'ai faim de lui. Mes mains se glissent habilement sous ses vêtements pour les lui ôter. Ma bouche migre sur sa peau, la goûtant de nouveau. Je le mets à nu pour que nous soyons à égalité.